Le 31 juillet, à travers les fentes du wagon, les détenus du convoi qui vient d’arriver aperçoivent des hommes en tenue à rayures bleues et grises : des bagnards
Ceux-ci leur apprennent où ils se trouvent. À leur descente du train, en rangs par cinq et encadrés par les SS et leurs chiens, ils sont emmenés jusqu’à une vaste esplanade, dans le camp proprement dit. Les 1 650 hommes sont comptés et alignés par groupes de cent. L’appel nominatif dure plusieurs heures. Au départ de Compiègne, les prisonniers ont été classés dans trois catégories différentes, selon la gravité de leur cas, c’est-à-dire du motif de leur arrestation. Ceux de la troisième catégorie (cas grave) sont appelés en premier.
Les déportés immatriculés en premier, au nombre de 230, sont signalés comme « NN », c’est-à-dire « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard), les déportés-résistants de cette catégorie étaient destinés à disparaître en Allemagne sans laisser de traces, selon un décret de 1941 du Feldmarschall Keitel. Jean Gosset faisait partie de ce groupe. Les Allemands avaient-ils obtenu des informations plus précises sur son activité de résistant ? Ou simplement le fait d’être arrêté comme responsable de maquis suffisait-il à le faire considérer comme particulièrement suspect ?
Les détenus sont entièrement tondus, dépouillés du peu d’objets qui leur restent, passent à la douche et au désinfectant. On suspend à leur cou, par une cordelette, un petit rectangle de métal où est gravé un numéro matricule qui remplacera désormais leur nom. Celui de Jean est 39441.
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