Ma future mère, Denise Gorce, fréquente la maison Gosset, car elle consulte mon grand-père dont elle attend qu’il la soulage de son mal de vivre
Un jour de 1932, dans l’escalier de l’immeuble, elle croise Jean. C’est le coup de foudre. Ils se revoient. Elle ne sait quoi faire de sa vie, suit vaguement des cours aux Beaux-Arts. Elle attend un sauvetage, et tant qu’à faire, le prince charmant. Il a tout pour plaire : beau, intelligent, courtois. Et il ne résiste pas à cette jeune fille de 23 ans, de presque quatre ans son aînée.
Le mariage a lieu au mois d’août 1935 ainsi que leur voyage de noces à Florence
Le séjour à l’école de Saint-Maixent dure une année durant laquelle mes parents habitent une chambre en ville. Jean re-prépare en même temps l’agrégation, où il est cette fois reçu troisième (en 1936).
En octobre 1936, rendu à la vie civile, il est nommé professeur au lycée de Brest. Mes parents s’installent dans cette ville, dans un appartement au 10, place de La Tour d’Auvergne, tout près de la rue de Siam. Deux filles vont naître pendant les deux années passées à Brest : ma sœur Renaude en janvier 1937, et moi en février de l’année suivante. Mon père choisit Pierre Grimal comme parrain pour ma sœur ; le baptême a lieu à Paris. Quant à moi, c’est Henri Queffélec qui est mon parrain.
A l’été 1937, Jean écrit à Denise :
Cosne, le 8-8-37
Ça va devenir une tradition que je t’écrive le 8 août de chaque année, chérie – déjà il y a un an j’arrivais à Mailly après une belle petite étape… et aujourd’hui c’est toi qui es à La Bourboule après un voyage qui n’a pas dû être reposant non plus ! Tout ça, c’est peut-être pour nous permettre de faire plus ou moins le point après chaque année de vie commune et de repartir, après une petite séparation, plus heureux d’être ensemble – du moins je peux m’amuser à faire ainsi la philosophie de la chose, puisque c’est mon métier – pourtant il est assez probable que dans quelque temps je ne prendrai plus ça aussi simplement. Enfin il y a quelque chose de très peu bourgeois et de très peu traditionnel à passer en séparation un moment qui pourrait finir par tourner à la banale « fête de famille » !
À la rentrée de 1938, Jean Gosset est nommé au lycée Ronsard de Vendôme. Nous emménageons au 17 rue du Bourg Neuf. En 1941, nous allons nous installer dans la région parisienne. Mes parents ont trouvé à Sceaux, dans la banlieue sud de Paris, un petit appartement agréable mais sans confort, où j’habiterai jusqu’à mon mariage et où ma mère vivra jusqu’aux années 1970.
Dans une lettre à son ami Jean Warin, il écrit le 29 septembre 1941 :
Ma famille va bien, et ma femme vous envoie ses amitiés ; mes filles aussi (car elles ne vous oublient pas) ; elles espèrent un petit frère pour dans quelques mois (vers février). Vous me direz que ce n’est guère le moment – mais enfin…
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