Le 27 ou le 28 juin, c’est le départ de Rennes, qui donne aux prisonniers une impression de liberté !
Les détenus de la prison Jacques Cartier, avec ceux qui sont regroupés au camp Margueritte, sont emmenés à pied vers une petite gare de la banlieue de Rennes, la gare de cette ville ayant été détruite peu de temps auparavant par un bombardement aérien.
L’odyssée de ce train est connue grâce au récit de Paul Lohéac, médecin breton qui a suivi le même trajet que Jean Gosset, aux mêmes dates, de Rennes jusqu’à Neuengamme et même jusqu’au « kommando extérieur » de Dessauer-Ufer, (Un médecin français en déportation).
Les détenus sont embarqués dans des wagons de marchandises. Les communications par voie ferrée sont complètement désorganisées, en raison des destructions effectuées par les alliés, et le voyage vers Compiègne va durer « treize jours, quatorze nuits » !
Le convoi passe par Redon et Nantes, arrive à Angers le 1er juillet ; puis il continue vers Saumur et Tours, où, à Saint-Pierre-des-Corps, il fait une halte de quatre jours sous un soleil de plomb. Les prisonniers sont parfois ravitaillés en eau et en nourriture grâce à la générosité de la population des lieux traversés, ou par la Croix- Rouge. Ils sont à Bourges, puis à Nevers le 7 juillet, à Montargis le 10, à Paris le 11 et parviennent enfin à Compiègne le 12 juillet, en piteux état, sales, fatigués.
Leur apparence misérable attire l’attention des passants quand ils traversent la ville à pied pour rejoindre le camp de Royallieu. Royallieu est un camp de transit où sont détenus des hommes venant de toutes les régions de France. Deux fois par mois, 1 500 à 2 500 d’entre eux sont dirigés sur les différents camps de concentration d’Allemagne. Après l’arrestation, les interrogatoires, les mois de détention et au surplus ce voyage très éprouvant, ce camp apparaît comme « une oasis ». La discipline n’y est pas trop sévère et le régime alimentaire est amélioré par la Croix-Rouge.
C’est en 1944 que partent la majorité des Français destinés au camp de Neuengamme : quatre convois au départ de Compiègne, un en mai, un en juin, un autre le 15 juillet et un dernier le 28 juillet, qui arrivera à destination le 31. Après la libération de la région parisienne, le camp de Royallieu a été vidé et les prisonniers sont alors dirigés vers Belfort, d’où part un cinquième convoi, moins nombreux, le 28 août. Jean Gosset fait partie du dernier convoi de Compiègne pour Neuengamme. Les 1 652 hommes qui le composent ne savent pas encore où on les emmène et ce qui les attend.
Extrait de « Sur les traces de Jean Gosset »
Le trajet de Rennes à Compiègne en 13 jours et quatorze nuits :
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